L'autisme est un trouble neuro-développemental qui rentre dans le cadre plus général des Troubles du Spectre de l'Autisme (TSA) dans la classification américaine des maladies mentales (le DSM V) et la classification Internationale (CIM 10). Ces deux classifications sont très proches dans la description des signes cliniques et dans leur conception théorique. Trois facteurs sont distingués dans l’autisme ; la génétique, le développement cérébral et le comportement. Ces trois facteurs sont en interaction constante, et ce toute la vie.
Dans la catégorie des TSA on trouve : les troubles autistiques (l'autisme), le syndrome d'Asperger, le syndrome de Rett, le trouble désintégratif, le trouble envahissant du développement non spécifié.
Les personnes autistes perçoivent, entendent, voient le monde de manière différente par rapport aux personnes non autistes. Le traitement de l'information reçue (via les sens) est différent. Beaucoup de personnes autistes arrivent difficilement à faire fonctionner deux sens différents en même temps : si par exemple une personne lui parle, elle arrive difficilement à regarder la personne qui lui parle et l'écouter en même temps. Le traitement de l'information sensorielle (y compris les interactions sociales) est épuisant pour une personne autiste : celle-ci peut vite s'épuiser, et sans que rien ne l'ait laissé entrevoir (car elle peut avoir du mal à repérer des signes de fatigue), faire un meltdown (explosion). Le bruit d'une conversation, d'une voiture qui passe, peut l'empêcher de se concentrer sur autre chose, son cerveau étant entièrement occupé à traiter l'information : « voiture qui passe ». Si vous lui parlez en même temps, elle peut vivre celà comme une agression, ne pas comprendre pourquoi donc vous rajoutez des choses à traiter alors qu'elle doit traiter d'autres informations. Lorsque vous parlez, une personne autiste risque d'être « parasitée » par le fait que votre voix change souvent de tonalité : cela peut nuire à l'information reçue. Il vaut mieux parler d'une voix monocorde, lentement, sans se répéter (la personne a entendu ce que vous dites, il lui faut juste un peu de temps pour l'intégrer).
Ci-dessous un texte inspiré de l'article : Brigitte Harrisson: « Le combat quotidien, ce sont les orages dans le cerveau. » Marine Corniou, Quebec Science, 31 mars 2015
Un individu autiste a un cerveau concret, visuel : il fonctionne en « stockant dans sa mémoire » des images ou séquences d'images, qui sont des fragments d'éléments de l'environnement extérieur, sachant qu'elle « voit » cet environnement extérieur de manière parcellaire, par petits bouts, un peu comme ce que vous vous voyez lorsque vous vous éclairez dans le noir avec une lampe de poche : l'information extérieure reçue n'est donc pas la même que celle que reçoit une personne non autiste.
Les images, ou séquences d'image, sont plus ou moins figées dans son cerveau (selon le niveau de fonctionnement).
Par la suite, elle traite des éléments extérieurs en les comparant avec ces images intérieures. Si il n'y a pas d'image intérieure correspondant avec l'information extérieure, alors celle-ci n'est pas traitée.
Tout ceci se fait de manière consciente. Cela entraine un laps de temps entre l'information captée de l'extérieur et l'information traitée par le cerveau. Il est donc normal que la personne ait besoin de temps pour obéir à une consigne, répondre à une question. Si vous la bombardez d'instructions, de questions, c'est un peu comme si sur votre téléphone vous mettiez en route beaucoup d'applis en même temps : cela va prendre un peu de temps pour ouvrir ces applications, et ralentir le débit.
Le cerveau est visuel, et les sensations ne sont pas visuelles. Une personne autiste peut ressentir la douleur, la faim, la soif, la fatigue, dans son corps, sans que cela n'arrive à son cerveau (sauf si la douleur se voit, comme une plaie par exemple). Il n'y a donc pas d'image correspondant à cette sensation qui est stockée, permettant de repérer cela ultérieurement. Du coup elle n'aura pas forcément de signal lui permettant de repérer la douleur, la fatigue, la faim. La personne peut se fait alors une règle vitale lui permettant de se nourrir, comme : manger à 12 h 00. Si il ne lui est pas possible de manger à cette heure-là, cela peut la perturber beaucoup.
Une personne autiste prend difficilement en compte le contexte lorsqu'elle traite une information. Elle peut la traiter sans y mettre de sens.
Ci-dessous une vidéo montrant comment un enfant autiste traite les informations auditives
L'autisme est très souvent associé à d'autres troubles : épilepsie, hyperactivité avec déficit d'attention, troubles de l'alimentation, troubles du sommeil, déficience intélectuelle, troubles DYS...). C'est souvent par rapport à ces troubles que les familles consultent la 1ère fois.
Au niveau des interactions sociales
Utilisation particulière des comportements non verbaux comme le contact oculaire, la mimique faciale, les postures corporelles, les gestes.
Difficultés dans les relations avec les pairs (ne pas savoir comment s'y prendre).
Manque de réciprocité sociale et émotionnelle.
Dans la communication
L'autisme induit avant-tout un trouble de la communication, très souvent accompagné de problèmes vocaux et verbaux très importants. L'enfant a des difficultés à rentrer en communication, à la différence des enfants dysphasiques qui arriveront àcompenser leur déficit verbal pour communiquer. Par contre, si il n'est pas oralisant, il peut communiquer par le biais d'outils de communication, comme la langue des signes, la communication par échange d'images. Si il n'a pas de moyen de communication, cela peut engendrer des comportements posant problème et pouvant le mettre en danger (auto-mutilation, comportements auto ou hétéro agressifs).
Chez les enfants maîtrisant suffisamment le langage, il y a une difficulté à engager ou à soutenir une conversation avec autrui.
Usage stéréotypé et répétitif du langage, ou langage idiosyncratique (*).
Absence d'un jeu de faire semblant varié et spontané, ou d'un jeu d'imitation sociale correspondant au niveau de développement typique.
Ci-dessous le film "Dit moi Elliot". Voir également l'animation interactive associée
Ces difficultés apparaîssent avant l'âge de 3 ans. On estime qu'une personne sur 100 est autiste.